Qu’à cela ne tienne, en bon gentleman, Nick Bowles s'est attelé à cette tâche ardue des divertissements contemplatifs que l’on retrouve, par exemple, dans dès 1642 dans "Le parfait pêcheur à la ligne" de Izaak Walton.
La délicatesse à la pêche où l’élégance gestuelle fait distinction. Inutile de jouer les gros bras, car on imagine aisément l'exigence que demande cette canne ultra-parabolique, matériellement incontrôlable dans de telles conditions de pêche, qui impliquent réactivité, vigilance, maîtrise et, en ce cas précis, comme disait Jean-de-La Fontaine, requièrent "Patience et longueur de temps...", pour mettre à sec aisément ce poisson pris avec une nouille et n'entre dans aucune épuisette. Aptitude, ce prérequis indispensable du "très beau coup de ligne" dont nous parlons vulgairement dans notre jargon. Frederic M. Halford nous dirait, messieurs, "Le succès n'est pas dans le nombre n'y la taille des poissons capturés, mais dans la manière de les prendre.".
L'art et la manière donc, cet acquis éthique de tout pêcheur qui ce respecte. Manifestement, Nick touche ici l'excellence du parfait praticien.
The performer
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Nick Bowles "SightLineProvisions" |
À propos de capture, je viens de terminer le bouquin de G.E.M. Skues, le père incontesté de la pêche en nymphe ... et vous livre pour l’anecdote cet extrait pertinent sur l’usage d’une épuisette :
"Il y a la croyance répandue parmi les pêcheurs que l’usage principal est de mettre au sec un poisson. Disons plutôt que l’usage de l’épuisette, correctement compris, est de prêter assistance dans la capture d’un poisson, et non de l’attraper, car s’emparer d’un poisson avec un filet est simplement un acte de braconnage et non une aide à sa capture."
Bien qu’elle soit parfois obligatoire sur certains parcours, l’épuisette peut-être indispensable ou pas, pour qui se moque du tripotage nauséeux afin d’illustrer une gloriole.
Un classique disponible dans toutes les bonnes librairies :
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Inithèque "La vie du Rail" |
Le "correctement compris" de Skues me fait penser à la pratique du ferrage outrancier à chavirer la barcasse, alors qu'il s'agit simplement de prendre contact avec le poisson. Un exercice de style que l’on peut acquérir au bout d’un certain temps en pratiquant la pêche de l’ablette à l’aide de ridicules moucherons marron. Sous le regard circonspect de Louis, mon grand-père, qui pêchait le brochet aiché d’une mixture au sang de porc et crochetait le bestiau entre le pouce et l'index par les yeux pour tenir bonne prise. Regarde ce que tu fais disait-il. Cette initiation au contrôle du réflex intempestif de ferrage à bien durée deux ou trois saisons des mes belles années de près-adolescence. Objectif, trouver la bonne mesure. Tout espoir gardé, pour qu'il consente enfin, par un beau matin, m'amener avec lui débusquer une brune grassouillette du gave. En attendant de porter le panier, lors des vacances scolaires suivantes, nombre d’heures d’été passaient dans cet apprentissage du ferrage. Bien que certaines de ces belles nacrées y ont perdu quelques écailles, passant par dessus tête en arc de cercle parfait jusqu'aux broussailles. Le B.A. BA audacieux de l’enfance, jumelé à cette cruauté maladroite des jours heureux. Puis, venait le temps de plier les gaules, jeter un dernier coup d'œil sur l'onde et son ballet éparse de godages à bulles. Où quelques rides discrètes frisaient à la surface de ce lac aux eaux sombres enveloppées d’inquiétude, silencieuse, la vallée d’Ossau s’endormait.
Ne manquez pas :
☞ Grande !
☞ À la poursuite du Roosterfish
☞ Une épuisette, et quoi encore !
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